07/12/2018
[...] Avec un aplomb affirmé, voire une parfaite insouciance, Bakerly veut
redonner vie au Chet Baker de ses belles années californiennes, celles de
son premier disque en chanteur désigné, “Chet Baker Sings” paru en 1956.
Après un début de carrière fulgurant, trompettiste choisi par Charlie Parker
pour sa tournée californienne puis par Gerry Mulligan dans son Pianoless
quartet, le voilà qui vole à son tour de ses propres ailes et créé le buzz
en chanteur de charme. Il n’en fallait pas plus, le play-boy est à son
premier firmament suscitant quelques jalousies. Les étapes de cette vie
caricaturale, Alex Gonzales nous les redira simplement pour ponctuer ses
deux sets dont le répertoire sera majoritairement puisé parmi les quatorze
titres de l’original de référence. Le premier sera celui des ballades
amoureuses de Chet. Alex possède de manière naturelle et pour ne pas dire
providentielle la voix de son idole, même tonalité, même timbre, même
vibrato, même fragilité, on pourrait s’y croire, il est beau gosse lui
aussi.
Ce soir il est aussi contrebassiste et ce n’est pas si simple de mettre
toute l’émotion nécessaire dans son chant lorsqu’il faut aussi assurer
l’accompagnement, le contrebassiste annoncé n’étant pas de la soirée. Bien
sûr il y a aussi un trompettiste, comme Chet le faisait, Mathieu Guyadère
est assis, presque recroquevillé sur un tabouret tout simple, il a les
jambes croisées, il embouche l’instrument. Son jeu bien qu’imprégné de la
musique de Chet Baker, n’est pas cloné et finalement c’est plutôt mieux.
L’esprit demeure pour quelques sonorités susurrées et vibrées mais le jeu
est globalement plus staccato, les envolées visent quelques traits d’une
virtuosité ou de changements de nuances qui n’étaient pas la marque de
fabrique du play-boy original. Le deuxième set est un peu plus swinguant,
“Chet Is Still Alive” jusqu’à My Funny Valentine évidemment
Philippe
Simonci (Jazz
Rhône-Alpes)